lundi 30 juillet 2007

parole 9

La solitude est parfois pesante au coin du feu qui m’rend parfois givré ! Alors, pour me sentir moins seul, j’ai adopté un p’tit chat mort que j’ai trouvé déchiqueté sur un boulevard. Il était tout chamboulé le mignon. Du coup j’l’ai appelé « félin mignon ».

J’aimais pas son pelage blanc alors j’l’ai peint en rouge ! Ca lui a pas plu, je l’ai senti vexé, comme humilié. Alors, il a ramassé son bout d’viande arrachée et il est parti le fumier, mais la solitude est restée !!!

J’ai peur des gens c’est p’t’être pour ça qu’j’me sens si seul ! J’me parfume au « Vieux Lille » et m’accroche des roll mops aux oreilles quand j’dois sortir à la veille du lendemain, ainsi j’suis certain d’croiser personne aujourd’hui !

J’marche à reculons dès qu’j’vois un avion ! Ca c’est pour être sûr de pas rencontrer les nombreux amis qu’j’ai pas encore acquis ! Comme y’a beaucoup d’avions qui roucoulent aux balcons et qui chient sur les pavés, j’marche très souvent à reculons ! Ma mère m’affirme que je confonds avions et pigeons, d’façon j’l’ai jamais aimé cette sale puuuttteee !!!

J’vous laisse j’ai un avion à prendre ! J’l’ai déjà sellé et lui ai enfilé les cuissardes, y va faire la gueule si j’suis en retard…on met l’cap sur le « quoi t’es pas là ??? »

vendredi 20 juillet 2007

parole 8

Sapristi, déjà sept heures ! Je vais être en retard au boulot, j’enfile mon pyj', un suppo et au lit !

Mince, déjà huit heures ! Faudrait penser à aller chercher les enfants à l’école, avec ce soleil, je voudrais pas qu’ils attendent dehors sous la pluie ! Ah oui c’est vrai, j’ai pas d’enfants, mais le jour où j’ai une fille, je l’appelle Cagette !

Merde, déjà dix heures ! J’vais arriver en retard à la soirée avec ces embouteillages ! Mais j’la fais courte ce soir, car j’travaille pas demain.

Midi, je pense à mes prochaines vacances, faut qu’j’en parle à ma femme, Bernard. La Laponie, ça m’dirait bien, mais j’aime pas les insectes, toutes ces mygales, c’est infernal ! Quant au Maroc et son désert, pas à l’abri d’un ours polaire !

Mince, déjà seize heures ! Faudrait penser à conduire les enfants à l’école, le maître est intransigeant pour les retards ! Ah oui c’est vrai, j’ai pas d’enfants, mais le jour où j’ai un garçon, je l’appelle Ican, c’est ravissant.

Vingt-deux heures, c’est déjà le petit-déjeuner. Mon fruit préféré ? La banane, mais j’aime pas ce qu’y a dedans, j’mange que la pelure !

mercredi 18 juillet 2007

parole 7

Je suis embaumeur. Un métier d’avenir Messieurs Dames. Je vois déjà sur toutes vos lèvres : « Embaumeur ! Embaumeur ! Pourquoi pas pédicure pour acariens ou chausseur pour huîtres ??? » Je n’étais pas assez minutieux pour envisager de telles carrières…

Embaumeur est un métier d’avenir Messieurs Dames !!! J’vous embaumerai tous !!! Du premier au dernier dans six cents ans j’embaumerai encore !!! Vous y passerez tooouuusss !!!

Je travaille la nuit dans mon sous-sol… J’aime bien travailler seul la nuit dans mon sous-sol… Y'a jamais de bruit dans mon sous-sol… Juste le bruit sec des os que je remets en place et qui crrrrrraquent… dans mon sous-sol… Y'a jamais personne dans mon sous-sol, y'a que moi, moi, et les morts…

Madame Frison vous êtes toute abimée… Ne vous inquiétez pas Madame Frison, je vais vous redonner l’aspect de vos vingt ans… Mais… mais qu’est-ce qui nous arrriiive Madame Frison, vous m’offrez là une si délicate et belle nuque… petite dévergondée… Puis-je me permettre de vous inviter à danser Madame Frison ? Je suis un grand timide mais je suis sûr que vous ne me refuserez pas une petite valse Madame Frison… Laissez-moi vous mettre à l’aise Madame Frison… laissez-moi… Allons y vaaaaaalllllsons Madame Frison, vaaaaaalllllsons !!! « Empooorrrtez par la fouuuuuule qui vous chante et qui… »

dimanche 8 juillet 2007

parole 6

J’m’entraine chaque jour à courir de plus en plus vite, persuadé d’avoir une chance de rattraper mon ombre les jours de beau temps, ça fait dix étés qu’j’essaye mais j’arrive pas, et ça m’agace !

Chaque matin, depuis dix ans, je passe deux heures devant l’miroir, j’aimerais tant m’voir à gauche quand j’pars à droite, mais j’arrive pas, et ça m’angoisse ! Alors j’m’en vais siffler là-haut sur la colline, toutes les nuits à minuit pile, j’suis jamais en retard j’vous l’jure sur la tête de mon lui !

J’mange ma pizza congelée et mon cornet deux boules, ébouillanté, en attendant le soleil, mais il vient pas, et ça m’attriste !
Je rentre chez moi bredouille, et dans mon salon blanc, sans meubles, c’est salissant !

Je tourne en rond pour voir mon dos, mais j’arrive pas, et ça m’chagrine !
Alors j’pars pour le parc, j’ai jamais oublié mon pique-nique j’vous l’jure sur la tête de mon lui ! Confiture de poireaux en entrée, soupe au goudron en dessert, assis sur mon banc, c’est mon banc !

J’attend les étoiles de midi, elles m’ont promis j’vous l’dis, elles ont peut être menti, je suis pas sûr !
Alors j’essaie de me lécher les oreilles, mais j’arrive pas, et ça m’énerve ! Si seulement je pouvais voir mon dos au moins une fois ! C’est pas demander la mer à boire une fois, une fois ! J’m’en fous c’est décidé, demain à l’aube, j’m’arrache les yeux, y verront mieux ! Ca m’démange, ça m’démange !